cette fois de la revanche. Il jouait serré ; ce n’était pas le vieux Sarrien qui l’eût dissuadé de recommencer Boulanger, avec l’aide du même Rochefort et du même Déroulède[1]. Il discourut à plusieurs reprises, dénonça les partisans de la revision comme de mauvais citoyens. Huit jours après, il récidiva au Mans : « En présence de tentatives impies qui ont été faites pour discréditer ceux qui travaillent à la grandeur de la patrie commune, les patriotes doivent affirmer d’une façon plus énergique que jamais leur amour et leur admiration pour l’armée[2]. »
Les mêmes dithyrambes, les mêmes injures retentirent alors dans tous les conseils généraux. L’un après l’autre, à l’exemple de celui que présidait Cavaignac, ils émirent des vœux « en l’honneur de l’armée « ou invitèrent le Gouvernement à prendre des mesures énergiques pour faire cesser « une odieuse campagne[3] ». À Perpignan, le vœu fut proposé par un député socialiste, Bourrat ; à Digne, deux radicaux, Robert, député, et Bérenguier proposèrent mon exclu-
- ↑ Discours de Déroulède, le 21 août 1898, à Ruelle : « Rappelez-vous ce que disait aux fêtes de gymnastique de Mâcon le vigilant et énergique ministre de la Guerre, M. Cavaignac : « Le secret de notre force est dans l’affection que vous portez au drapeau tricolore. » Elle est déjà vieille, mais elle est toujours bien vraie, la métaphore qui fait de nos trois couleurs la robe même de notre France… etc. »
- ↑ Discours du 23, au banquet du Mans.
- ↑ Ce dernier vœu fut émis par les conseils généraux de la Sarthe, de l’Aveyron, de la Charente, des Côtes-du-Nord, du Morbihan, des Pyrénées-Orientales, de la Vendée, de la Haute-Marne, de la Loire-Inférieure, de l’Ille-et-Vilaine, de la Mayenne de Maine-et-Loire, de la Charente-Inférieure, de la Gironde, de la Loire et du Lot.
blême, chancelant, ivre d’une sorte d’ivresse blanche, se demandait s’il n’allait pas tenter le destin. Il n’osa pas, et son rêve se referma sur lui comme un cilice. »