noine, s’abandonna ensuite lui-même, fut battu sans combattre.
Les groupes s’étaient réunis dès le matin. Les radicaux, résignés presque tous à la Revision, décidèrent de soutenir Brisson ; les modérés, de le renverser. Barthou leur tint un discours véhément. Il ne blâmait pas le Gouvernement d’avoir ordonné la Revision, mais la façon dont il avait engagé la procédure ; et « Brisson n’a pas défendu l’armée ». Le ministère a commencé par solliciter le concours des antisémites et des nationalistes ; il en a vécu jusqu’aux aveux d’Henry ; « si maintenant il vient faire appel à l’union des républicains pour repousser des menées césariennes, les progressistes n’ont pas confiance en lui pour cette tâche »[1].
Au conseil des ministres, Brisson résuma la réponse qu’il se proposait de faire aux interpellations[2] sur l’affaire Dreyfus ; Chanoine ne fit aucune objection. Cependant, un petit incident faillit tout déranger. Brisson, quand il désigna ceux des ministres qui l’accompagneraient à la Chambre et ceux qui se rendraient au Luxembourg, l’indiqua pour le Sénat. Chanoine, encore une fois, ne souffla mot, mais, en sortant, demanda à Lockroy de permuter avec lui[3]. Il rentra alors au ministère et inscrivit au tableau d’avancement tous ses officiers d’ordonnance[4].
Les députés, quand ils se rendirent au Palais-Bourbon, à l’heure ordinaire, trouvèrent les abords de la place de la Concorde envahis par une foule bruyante, les bandes