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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


Et, tous les jours, un vomissement d’injures, comme d’un crocheteur pris de vin, contre les conseillers de la Chambre criminelle, Lœw, frère d’un notaire prussien, Bard, « fripouille en hermine », tous « vendus », « stipendiés de la Synagogue », « hébétés par des débauches prolongées trop tard », « crapules » et « gorilles ». Drumont engagea les généraux à commencer en ces termes leur déposition : « Tas de gredins ! » Avec cela, des menaces quotidiennes de mort, par lettre anonyme, et des appels publics à la justice du peuple, au massacre, à la destruction de cette « Bastille judiciaire », « temple de la loi devenu une sorte de Bourse mâtinée de lupanar »[1].

Selon Rochefort, le Syndicat avait déjà dépensé quarante-cinq millions ; trente-sept, selon Judet[2].

Pour dédaigneux qu’ils fussent de ces ordures, les juges en furent écœurés. Le vieux Lœw, aux obsèques du conseiller La Rouverade, laissa échapper cette plainte : « J’ai presque envié le sort qui le soustrayait à nos angoisses[3]. »

Dupuy avait promis de faire respecter également la justice et l’armée. Il ne poursuivit qu’Urbain Gohier, sous l’injonction de Le Provost de Launay[4], et pour un

    de Napoléon sera sur vous avec la garde avant une demi-heure. » Et Wellington, avisé juste à temps, prit ses dispositions pour massacrer la garde, qui l’aurait attaqué à l’improviste, sans cette trahison. (Henry Houssaye, Waterloo, 391.) — Houssaye, dans ce récit, par égard pour le général du Barail, qui vivait encore, ne nomma pas son père.

  1. Autorité, Libre Parole et Intransigeant des 1, 2, 7 novembre 1898, etc.
  2. Intransigeant du 21 décembre, Petit Journal du 3.
  3. 11 novembre.
  4. Sénat, séance du 9 novembre. Le 14 Fournière questionna Dupuy sur ces poursuites, intentées alors à la requête des ministres de la Guerre et de la Marine. Au cours du débat, Drumont se prononça pour la liberté illimitée de l’écrivain, mais