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LE DESSAISISSEMENT


déclaré qu’il n’était pas de moi. » Il n’a pas à répondre sur une question jugée par des soldats.

Lœw lui rappela ses demi-aveux, les propos tenus par lui au journaliste Chincholle, à l’Anglais Strong[1]. Il les traita de menteurs et de drôles. Par contre, il avoua ses rapports avec Henry, à l’époque de la collusion[2].

Après six jours d’entr’acte, il parut de nouveau, mais pour discourir seulement de ses démêlés avec les journaux anglais et de leurs offres d’argent qu’il aurait repoussées. Puis, cette bouffonnerie : « Avec tout le respect que, descendant par ma mère d’une famille de vieux parlementaires, j’ai pour la Cour suprême, j’ai l’honneur de déclarer que j’attendrai la réunion des trois chambres pour faire, devant elles, ou leur adresser toutes les explications nouvelles que je jugerai devoir produire. »

La veille, il avait déposé au greffe une requête en récusation, pour cause de suspicion légitime et d’inimitié capitale, contre le juge Bertulus », chargé d’informer sur la plainte de Christian[3].

Il communiqua à l’un des collaborateurs de Drumont sa déclaration finale[4] et, dès qu’il fut avisé que son sauf-conduit était périmé, repartit pour la Hollande.

  1. Cass., I, 267, Chincholle ; 740, Strong. — La déposition de Strong est postérieure (du 2 février) à celle d’Esterhazy ; mais la Cour connaissait les articles de la Saint-James Gazette et de l’Observer.
  2. « Henry m’a dit ; « Il faut mettre la baïonnette dans les reins du Président de la République. » (I, 582.) Du Paty, à l’instruction Tavernier, observe : « Pourquoi n’a-t-il pas dit cette phrase caractéristique devant le conseil d’enquête ? »
  3. Drumont avait déjà sommé Lebret de retirer l’instruction à « cette crapule » de Bertulus, « agent du Syndicat », et Cavaignac lui demandait « d’éclairer l’opinion à ce sujet. » (Libre Parole du 19 janvier 1899.)
  4. Libre Parole du 29.