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MORT DE FÉLIX FAURE


« pour la cause de la monarchie et de la patrie » : « Je mets à la disposition de Monseigneur cent mille francs, dont trente mille versés immédiatement ; que Dieu soit avec Monseigneur et avec la France ! » ; — moitié par une juive autrichienne, mais lavée par l’eau du baptême, Mme Porgès, « malgré l’absence de son mari, mais vu les sentiments patriotiques de Jules »[1]. — Ramel et ses amis affirmèrent plus tard que c’était pour un journal[2], mais sans expliquer pourquoi il aurait fallu, précisément à cette date, où les préoccupations étaient ailleurs, tant d’argent versé immédiatement, et pourquoi la baronne de Waru, après la baronne d’Adelswärd, en avait écrit aussitôt au duc d’Orléans : « Fidélité absolue, priant Dieu pour Monseigneur. » — Enfin, Guérin, qui se concertait surtout avec Guixou-

  1. Haute Cour, II, 60 et 61, lettres de la baronne de Waru et de la baronne d’Adelswärd, née Pourtalès, au duc d’Orléans ; de Mme Jules Porgès, née de Wodianer, à Mme de Waru : J’accompagne (ces cent mille francs) de mes vœux très ardents pour le relèvement de mon pays. » Mme de Waru au duc : « Je vous envoie mon mari pour vous demander si nous devons verser l’argent à M. de Ramel. »
  2. VI, 57, de Ramel. (Interrogatoire du 13 octobre 1899.) Dépositions conformes de Mmes de Waru, d’Adelswärd et Porgès, d’Amédée Dufaure, Bézine, le comte Fruchard, etc. VII, 56 et suiv.) De même Buffet (16 novembre 1899) et de Claye (14 décembre). — Ramel produisit une circulaire d’avril 1899 sollicitant des souscriptions pour la création d’un journal à cinq centimes qui aurait été décidée dans une réunion du 5 février. La liste, au 15 juillet, comprend : 1° des engagements antérieurs à la circulaire, 254.000 francs, dont les 200.000 remis à Mme de Waru ; 2° des engagements postérieurs montant à 105.000 francs. (VI, 62 et suiv.) — Le baron de Waru convint d’avoir envoyé à Londres, le 5 octobre 1899, la somme de 185.000 francs, restant, à cette date, des 200.000, « quand il avait vu le bruit fait autour de cette affaire ». (VII, 59.) — Chevilly, chez qui furent saisies les deux lettres, dit au juge Fabre, chargé d’instruire sur les ligues royalistes, « qu’il ne savait aucunement à quoi elles faisaient allusion. » (20 avril 1899 ; Haute Cour, VI, 232.)