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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


duc, qui consulta également Lur-Saluces et Buffet et approuva ce qui avait été décidé[1]. Ainsi, ce qui allait recommencer, c’était bien l’aventure qui avait échoué autrefois avec Boulanger[2] et, encore une fois, sous les auspices de la Congrégation qui avait noué les fils et les tenait. On tentera le coup pendant le procès de Rennes, ce rendez-vous de toutes les espérances et de toutes les haines.

Tout cela, dont le détail ne fut connu sur le moment que de la police, transpira cependant assez pour que les parlementaires ne pussent alléguer qu’ils ne se doutaient de rien. On pouvait discuter où était le point central du complot (peut-être la cellule du père Du Lac), et encore si le principal objet était un changement de régime ou la recondamnation de Dreyfus. Mais

    Puybaraud ; 7 décembre 1899, Lépine.) Les deux premières réunions se tinrent au siège de la Ligue de la Défense nationale, présidée par le colonel Monteil. — Guérin et Monteil conviennent de ces réunions, ainsi que Le Provost de Launay et Lasies, mais contestent l’exactitude des rapports de police sur le triumvirat. — La réunion du 17 comprenait une quarantaine de personnes dont deux, au moins, étaient à la solde de la police. (Voir t. IV, 570.) Lépine, dans sa déposition, précise que son récit est la reproduction de rapports presque identiques, émanant de « deux agents qui ne se connaissent pas, qui se coudoient sans se soupçonner ». — Déroulède affirme qu’il fut tenu dans l’ignorance de la réunion du 17 et des décisions qui y furent prises. Le 29, Coppée, président d’honneur de la Ligue de la Patrie française, lança « un appel à la bourse des bons Français », « pour favoriser la propagande de Déroulède ». (29 juin.)

  1. Ils se rendirent à Twickenham, Sabran le 18, Lur-Saluces le 19 ; Guérin, dont le retour seulement fut signalé, rentra le 21 avec Lur-Saluces ; Buffet, qui était allé une première fois chez le duc avec Ramel, le 17, y retourna, après Guérin, et revint le 27. (Haute Cour, II, 7.) Selon Lasies (Haute Cour, 17 décembre 1899), l’entente aurait été rendue impossible « par l’intransigeance des royalistes ».
  2. Haute Cour, I, 30, rapport Hennion : « Ces Messieurs (Sabran, Villebois, etc.) ont décidé de faire acclamer partout Dé-