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RENNES


nuire[1]. » Plus tard, ce sera trop tard. Et, dans l’état d’esprit de l’armée, mieux vaut prévenir l’ennemi que l’attendre dans la rue.

Waldeck-Rousseau porta aussitôt l’affaire au Conseil[2] : les complots parallèles, d’avant Reuilly, dont les preuves étaient aux dossiers de Dupuy ; le nouveau complot où Guérin et Déroulède marchaient cette fois d’accord, et ce que la police croyait avoir surpris d’une tentative du prétendant en Bretagne. Il n’y eut qu’une voix qu’il fallait mettre les fers au feu. (10 août.) Galliffet a raconté plus tard que, si Waldeck-Rousseau lui avait fait appel, c’était qu’il le savait homme à « taper sur tout le monde[3] ». Il en sera quitte pour ne pas aller, de quelques jours, à son cercle.

Une entorse à la légalité n’eût pas été pour l’inquiéter, mais Waldeck-Rousseau assura que le terrain était solide, qu’on n’aurait pas à rentrer dans le Droit, qu’on y était en plein.

Il exposa en quelques mots la question juridique, l’accusation à porter devant la Haute Cour : 1° le complot est manifeste, autant pour le moins qu’il y a dix ans celui de Boulanger, caractérisé par des actes préparatoires et continus, — les embauchages, « les réunions et manifestations pour tenir tout le monde en haleine et pour se compter », l’armement et la mise en défense du fort Chabrol, les dépêches du prétendant, la liste des fonctionnaires trouvés chez les agents du duc[4] ; — 2° la tentative de Reuilly n’est pas couverte par l’acquittement de Déroulède et de Marcel Habert en cour

  1. Haute Cour, VII, 15 et audience du 7 décembre 1899, Lépine.
  2. À Rambouillet où Loubet était en villégiature.
  3. Procès Dautriche, 657, Galliffet.
  4. Haute Cour, V, 107 et 108, Bérenger.