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CHAMBRES RÉUNIES


Le surlendemain, Fallières, qui avait voté contre la loi, fut élu président du Sénat, en remplacement de Loubet[1].

III

La Chambre criminelle répondit par un nouvel acte d’indépendance à la loi qui la frappait. La demande de Picquart en règlement de juges était inscrite au rôle du lendemain ; elle l’accueillit, presque sur tous les points, après avoir entendu le rapport d’Atthalin, une plaidoirie serrée de Mimerel et le réquisitoire de Manau[2]. Sauf l’affaire Boulot et celle des pigeons voyageurs, qui furent laissées au conseil de guerre, toutes les charges contre Picquart, la prétendue falsification du petit bleu, l’usage de faux, etc., étaient déclarées connexes des premiers chefs de prévention (les communications illicites à Leblois), qui relevaient des juges civils. Sur quoi, comme Freycinet répugnait à convoquer les juges militaires pour les sottes histoires dont ils restaient saisis, mais comme il n’hésitait pas moins à les ajourner, Leblois lui vint en aide par une ingénieuse procédure qui avait l’inconvénient pour Picquart de le maintenir en prison, mais l’avantage de retarder son procès jusqu’à la décision des Chambres réunies sur

    (Caduc, Chantagrel, Monis, Émile Labiche, Ratier, Léon Talon), votèrent l’amendement, ainsi que Deschanel, Ranc, Raynal, Poirier, Scheurer. — Bérenger vota contre, Waldeck-Rousseau s’abstint, ainsi que Cazot, Maxime Lecomte, Morellet, Hervé de Saisy.

  1. Le premier tour donna 96 voix à Fallières, 84 à Constans, 56 à Chauveau, 25 à Peytral ; le deuxième tour 151 à Fallière. 85 à Constans, 18 à Chauveau et 1 à Peytral (3 mars 1899).
  2. Affaire Picquart, 38 à 190. (Audiences des 2 et 3 mars 1899).