que le traître a suivi à cheval les manœuvres allemandes et le lui a dit lui-même[1].
Nécessairement, Dreyfus dément, proteste, surtout contre le langage de mauvais Français qui lui est attribué par Bertin : « Oui, j’aime l’armée, la patrie ! Vous n’avez qu’à lire ce que j’ai jeté sur le papier dans mes nuits de fièvre et de douleur à l’île du Diable[2] ! » Mais ses sanglots, comme ses arguments, se heurtent au fait brutal qui dispense de raisonner : que tous les officiers qui l’ont eu sous leurs ordres ou qui ont vécu de sa vie, dans l’intimité de l’État-Major, tous, sauf Ducros, l’ont tenu en suspicion[3], et que tous les grands chefs sont certains de son crime, le démontrent par les mêmes preuves ; et ces soldats sont des hommes d’honneur[4].
- ↑ Rennes, II, 87, lettre du capitaine Lemonnier au commandant Maistre ; III, 131 et suiv., Lemonnier : « Du doigt, Dreyfus montre sur la carte la position d’Altkirch : « Je la connais fort bien, dit-il, j’y ai suivi à cheval des manœuvres exécutées par les Allemands. » Dreyfus répond qu’il n’a jamais suivi de manœuvres allemandes, mais qu’il connaît, en effet, la position d’Altkirch pour l’avoir visitée au cours d’une promenade à cheval, et qu’il a même fait, à l’École de guerre, un travail sur ce sujet. Lemonnier, au moment de se retirer : « Le prévenu a reconnu sa présence aux manœuvres de Mulhouse ; je crois que ma présence est inutile aux débats. » Nouvelle protestation de Dreyfus. (III, 179.)
- ↑ Ibid., II, 66. — À Junck, au sujet d’une femme galante qui avait salué Dreyfus au concours hippique : « Je ne lui rappellerai pas les confidences d’ordre privé qu’il m’a faites lui-même ; dans cette affaire, j’ai les mains propres et je les garderai propres… »
- ↑ Ibid., III, 181, Ducros.
- ↑ « La situation n’est pas bonne. Les officiers généraux, malgré le néant, le vide de leurs réquisitoires, ont produit une grosse impression sur les juges, cette argumentation, toujours
(il s’agit, selon Dreyfus, d’un manuel allemand), mais que celui-ci le lui a rendu (II, 59) ; le sergent Lévêque qu’il l’a vu un jour dans le cabinet du capitaine Besse, ce qui est reconnu et expliqué par Dreyfus ; il avait été chez Besse de la part de Mercier-Milon (II, 296).