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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


rio, connaissaient-ils le secret de Mercier ? Il y a lieu d’hésiter. Mercier, en tout cas, jugea le moment bon pour faire donner à nouveau sa presse, avertir ceux des officiers, qui s’y seraient trompés, du véritable sens de ces témoignages. Le jour même de la déposition de Belhomme, le Nouvelliste de Bordeaux[1], reproduit aussitôt par cinquante journaux, en donna la clef : « Le gouvernement est à la merci de Mercier : d’un mot, d’un geste, le général peut amener un conflit avec l’Allemagne. Il n’a qu’à sortir de sa poche la photographie qu’il a conservée du bordereau annoté de la main même de Guillaume. Il y a longtemps qu’on le répète ; aujourd’hui, tout le monde le sait. Le conseil de guerre le sait encore mieux que tout le monde ; ni Demange ni Labori ne l’ignorent. Il faut être lâche et canaille comme un dreyfusard pour avoir l’air d’en douter et pour exiger qu’on le dise publiquement, dans l’espoir, toutefois, qu’on n’osera pas le dire. »

Clemenceau lut l’article du journaliste girondin, le signala à Labori qui n’en fit rien[2].

XVIII

On entendit ensuite Freycinet, Lebrun-Renaud et les témoins de Quesnay.

Freycinet, « sur les 35 millions venus de l’étranger », équivoqua. Il ne savait par lui-même « rien de précis », avait répété seulement à Jamont, « au général en

  1. 29 août 1899, article signé Paul Duché.
  2. Aurore du 31 août : « Je suis sûr que Labori n’a pas lu le Nouvelliste de Bordeaux du 29 août. C’est un tort. Voici ce que j’y recueille d’un ciseau satisfait… ».