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L’AMNISTIE


aussi l’impression du commissaire : le fait irréfutable, qui sort des dates, c’est que quelqu’un, qui savait que Wessel allait venir à Nice et qui avait intérêt à le faire arrêter, l’a dénoncé au consul allemand ; et ce ne peut être que Mareschal, « cela découle de source[1] ». Préfet, magistrats, commissaires, tous également embarrassés de leur capture, ne comprennent pas que le service des Renseignements ne les ait pas avisés.

Mareschal proteste ; il n’a point livré son agent ; « il s’est (seulement) trompé[2] » ; il a eu tort de n’avoir pas cru au danger. — Or, Mareschal se donne à lui-même le démenti, car Wessel lui ayant adressé de sa prison une lettre de reproches et de menaces[3], Mareschal répond « qu’il avait pris toutes les précautions, comme la première fois[4] », ce qui n’est pas vrai, mais ce qui infirme son autre assertion. — « Wessel, dit encore Mareschal, n’avait pas encore fait sa déclaration à propos de Cernuski ; quel intérêt avais-je à le faire arrêter[5] ? »

Si ce n’est pas Mareschal, est-ce Mathilde ? Tomps « la croit capable de trahir n’importe qui » ; pourtant il ne pense pas que ce soit elle qui ait averti le consul ; tout de suite, dès que Wessel a été pris, elle a écrit à Tomps, l’a prié d’intervenir[6].

L’argument ne porte pas, car Mathilde, si elle a livré

  1. Procès Dautriche, 582, Boissière.
  2. Ibid., 602, Mareschal.
  3. Enquête Trotabas, lettre de Wessel à Mareschal, du 1er  mai 1900, prison de Nice : « Je m’étais permis de vous faire part de mon arrestation le jour même de celle-ci… »
  4. Voir p. 95 et 100. — Procès Dautriche, 170, François : « Je m’imaginais au contraire qu’il devait être plus en sûreté à Nice qu’à Nancy. »
  5. Ibid, 602, Mareschal ; 178, François.
  6. Ibid., 591, Tomps.