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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


se trouvent d’accord sur quelque chose sans s’être concertés, cela ne peut être que la vérité[1]. »

François, comme il avait fait pour la déclaration de Wessel, transmit celle de Przyborowski à Delanne, mais sans plus de succès ; car, encore une fois, le chef de l’État-Major décida que c’était sans intérêt et qu’il n’y avait qu’à classer ; pour le Polonais, on se privera désormais de ses services[2].

Przyborowski essaya alors de reprendre avec Tomps ou, plus vraisemblablement, de lui tendre un piège. Tomps, qui se méfiait, envoya à l’endroit du rendez-vous un inspecteur qui trouva le Polonais attablé, le vit se lever, après une demi-heure d’attente, et, l’ayant « filé », le suivit au ministère de la Guerre où il entra[3].

Cependant, comme Wessel écrivait lettres sur lettres pour supplier qu’on ne l’extradât point et protester qu’il était victime d’un guet-apens, Waldeck-Rousseau fit procéder à une première enquête[4]. Il fut évident tout de suite, que l’extradition ne pouvait pas être accordée (bien que ces sortes de refus n’allassent jamais sans froissement, surtout avec l’Allemagne), et que Wessel n’aurait jamais dû être arrêté. Mais pourquoi l’avait-il été ? Les officiers du service des Renseignements en rejetèrent audacieusement la responsabilité sur la Sûreté générale[5], sous prétexte que la demande de poursuites avait été transmise par elle. Cavard n’eut pas de peine à se disculper ; il allégua qu’il

  1. Procès Dautriche, 183, François.
  2. Sénat, séance du 25 mai 1900, discours de Waldeck-Rousseau.
  3. Ibid.
  4. Procès Dautriche, 542, Tomps.
  5. Ibid., 180, François.