Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/250

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
240
HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

Jaurès, en terminant son discours, avait formulé deux conclusions : Que le gouvernement instituât une enquête administrative sur la vieille officine du bureau des Renseignements où avait été fabriqué « le faux monstrueux » ; que la Chambre, en invalidant Syveton, condamnât « l’abominable système de calomnie électorale par lequel on avait essayé de ruiner le crédit du parti républicain ».

Tout de suite, au nom du gouvernement, qui en a délibéré le matin, André a accepté l’enquête. « Tout respectueux qu’il soit de la vérité légale », André comprend les inquiétudes qui se sont emparées de certains esprits, et, dès lors il entend faciliter les recherches nécessaires. Aussi bien se fera-t-il assister dans le dépouillement des pièces par des magistrats. — Pour la lettre de Pellieux, celui-ci l’avait adressée au gouverneur de Paris, mais Zurlinden ne l’avait point fait parvenir à Cavaignac ; il l’avait retenue pour donner au général le temps de réfléchir à la gravité de son acte, la lui avait rendue trois jours après et ne l’avait versée que dix mois plus tard au ministère de la Guerre ; Pellieux la lui avait rapportée lors de l’enquête qu’il avait demandée lui-même sur ses propres actes au cours des procès d’Esterhazy et de Zola. Zurlinden, quand il a transmis la lettre à Krantz, alors ministre de la Guerre (4 juin 1899), lui a écrit que Pellieux avait retiré sa demande du 31 août 1898 « à la suite d’un entretien avec Cavaignac ».

Cavaignac, tout en déclarant qu’il aurait, exactement comme Zurlinden, si la lettre de Pellieux lui était parvenue, demandé au général de revenir « sur cet acte irréfléchi », contesta cependant qu’il s’en fût entretenu avec Pellieux et même avec Zurlinden ; et il produisit, à l’appui de son dire, une lettre que l’ancien gouverneur