CHAPITRE III
L’ENQUÊTE
I
André, de son propre aveu, « ne connaissait pas grand’chose » de l’Affaire[1] ; Bien qu’il se fût déclaré revisionniste après les aveux d’Henry et qu’il eût suivi l’enquête de la Chambre criminelle et les débats de Rennes, l’innocence de Dreyfus lui paraissait seulement probable. Il arrangeait très bien dans son cerveau que Dreyfus ne fût pas l’auteur du bordereau et eût commis cependant quelque trahison[2]. Il ne repoussait pas du tout comme absurde l’idée qu’il pourrait trouver dans les dossiers « une preuve irrécusable de la culpabilité de Dreyfus[3] », qui aurait échappé, ou qui aurait été dissimulée à la Cour de cassation et qui n’aurait pas été produite publiquement devant la justice militaire. L’éventualité lui parut si peu invraisemblable qu’il en causa avec son officier d’ordonnance,