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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


Tout cela sent mauvais ; toute cette canaille gravite autour du service des Renseignements, y quémande et reçoit des subsides, et, dans l’intervalle entre deux affaires d’espionnage, vit d’escroqueries et de jeu. Mais voici qui paraît plus grave : à cette même époque du procès de Rennes, où toutes les têtes fermentent, où les successeurs d’Henry au bureau des Renseignements, bridés par la consigne de Galliffet, se désespèrent de leur impuissance, où Przyborowski confère avec Mareschal et, selon les récits qu’il aurait faits à Mathilde, aurait procuré le témoignage de Cernuski pour 30.000 francs, — à la même date, Dautriche, successeur de Gribelin, sort des caisses du Service une somme de 25.000 francs et la remet à Mareschal pour une affectation qui n’est attestée que par des écritures anormales et suspectes[1].

Mareschal, interrogé le premier par Atthalin[2], démentit d’abord les allégations de Wessel : il n’a jamais connu ni même vu Cernuski et, s’il a été en relations avec Przyborowski, ce fut pour les seuls besoins du service ; toutes les sommes qu’il lui a versées ont été portées au livre-journal du bureau, près de 22.000 francs en 1899 (dont 1.660 seulement au cours du procès de Rennes) ; il peut être justifié de leur emploi. Atthalin lui montre alors, sur le même livre-journal, cette mention, à la date du 16 août 1899 : « Austerlitz (document), complément de 20.000 francs à la réserve… 5.000 francs » Mareschal répond aussitôt qu’il s’était rendu, à la date indiquée, à Zurich, et qu’il y avait

    de police et selon Montéran, l’un des deux négociants qui accompagnèrent Cernuski à Rennes, sa Situation, après le procès, serait restée fort misérable. (Procès Dautriche, 663.)

  1. Réquisitoire écrit, 436. — Voir t. V, 473.
  2. 7 mai 1904.