plus honnête homme dans toutes les autres circonstances de la vie et le plus équitable devient capable, sans remords, des actions les plus injustes et les plus laides. — Bonnefond, général-examinateur à l’École de Guerre, donne à Dreyfus une « mauvaise note d’aptitude », parce qu’il ne veut « pas de juif à l’État-Major[1] ». — Lebelin de Dionne, général directeur de l’École[2], informé du propos de Bonnefond et « se trouvant, dit-il lui-même, en présence d’une injustice à réparer », ne la réparé pas : « l’effet de la note, explique-t-il, est minime, le dommage presque nul » ; en fait, il s’agit d’un juif et, pour l’antisémite, « le juif reçoit toute la part de la justice à laquelle il a droit, dès que les injustices avérées, commises à son égard, ne lui portent pas un préjudice absolument irrémédiable[3] ». — Dreyfus est chargé par Roget de dresser un plan de transports de troupes sur des données fictives ; il exprime le désir d’effectuer le travail sur des données réelles, plus intéressantes : demande judicieuse si elle émanait d’un chrétien ; demande suspecte, quand elle émane d’un juif. Roget donne à Dreyfus une note qui, au jour venu, pèsera d’un poids terrible dans la balance[4]. — Le général Vanson prépare, avec des stagiaires d’État-Major, un voyage qui comporte des études de caractère confidentiel : « Vous prendrez garde, lui dit le colonel Bardol, parmi ces trois officiers, il y a un juif[5]. » — D’Aboville avise Sandherr que l’écriture du bordereau ressemble à celle de Dreyfus ; Sandherr, se frappant le front : « J’aurais dû m’en douter !…[6] », parce que
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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS