Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/546

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
536
HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


j’ai reçu. Merci. Il faut que vous ayez l’obligeance de m’envoyer ce que vous avez copié, car il est nécessaire que je finisse, parce que, pour le 31, je dois envoyer à R et, avant ce temps, vous avez encore à copier la partie copiée par moi. Je vous annonce que j’aurai l’organisation des chemins de fer » ;

Que la seconde lettre (pièce n° 267) porte : « 28 mars, six heures du soir. Je vous prie, mon cher ami, de m’envoyer ce que vous avez copié du télégramme, car, comme je vous le disais dans la lettre que mon domestique vous a apportée aujourd’hui, à trois heures, j’en ai besoin, devant envoyer le tout à R… et, remarquant que, dans ce temps, vous avez aussi à copier les parties que j’aurai copiées moi-même. Si, à neuf heures, demain matin, Charles n’est pas venu, j’enverrai le mien chez vous. Tout à vous. » ;

Attendu que ces deux lettres, écrites le même jour à trois heures d’intervalle, sont l’une et l’autre copiées de la main de l’archiviste Gribelin, qui a affirmé avoir fait lui-même les copies, soit le 1er avril 1895, date du bordereau qui les contenait, soit peut-être la veille ;

Attendu que la pièce 267 sur laquelle ont été apposées à l’angle supérieur gauche la mention « Ministre état-major, 1er avril 1895 » et à l’angle inférieur gauche la date « 28 mars 1895 » est expressément désignée dans le rapport Gonse-Wattinne comme « reçue en avril 1895 » ; et que, dans le dossier secret elle est, selon l’ordre chronologique, comprise parmi les pièces nos 264 à 268 classées de janvier à mai 1895 ;

Attendu qu’il est impossible d’admettre que la pièce 26 soit, dès le mois d’avril 1894, parvenue au service des renseignements qui l’aurait, malgré son importance, retenue pendant plus d’une année avant d’en donner connaissance au ministre et au chef d’état-major général ;

Qu’il est manifeste que toutes deux ont été « reçues » à la même époque où elles ont été copiées, en 1895 ;

D’où la conséquence que toutes deux ont été, le 28 mars, écrites non en 1894, mais en 1895 ;