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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


l’État-Major avait portés au misérable contre Scheurer-Kestner et Picquart, de ses rapports avec Du Paty. Sur les lettres de l’Empereur allemand, rien que ce qu’on savait déjà : « Je ne les ai jamais vues, mais j’en ai entendu parler et je les ai toujours déclarées idiotes. » À l’en croire, c’est lui qui en a démontré la fausseté à Henry. Sur Henry, l’affirmation répétée de leur constante intimité ; Henry a tout de suite reconnu que le bordereau était de son écriture, mais Sandherr connaissait, lui aussi, son écriture, puisqu’ils avaient travaillé ensemble en Tunisie et, déjà, à des affaires de contre-espionnage ; Henry a été vraisemblablement assassiné. Sur ses rapports avec Schwarzkoppen : « Ils ont été de tout temps parfaitement connus », notamment de Boisdeffre et de Du Paty. — Comme le consul n’avait point charge de l’interroger, mais seulement de consigner ses déclarations, il dit et esquiva ce qu’il voulut. — Enfin, il avait fait voir quelques billets autographes d’Henry et de Du Paty, notamment celui d’Henry : « Il faut faire le silence sur les épîtres du Q couronné (l’Empereur allemand) ; donnez la consigne[1] » ; mais il n’en voulut déposer aucun ; et il avait ajouté, en terminant, « qu’il se réservait de compléter ses explications devant la justice française ».

En résumé, aucun fait nouveau, aucune pièce nouvelle que Dreyfus aurait pu alléguer pour demander une deuxième revision ; et, d’autre part, aucun argument contre l’amnistie. Au contraire, selon Waldeck-Rousseau, des arguments de plus en faveur de l’amnistie, puisque l’ancien État-Major s’était encore plus sottement et plus vilainement compromis qu’on ne l’avait cru.

  1. Voir t. III, 397.