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LA CAPITULATION DE MERCIER


sadeurs[1], l’assurance qu’ils ne savaient rien de Dreyfus. L’attaché allemand eut le tort grave de ne point confier au comte de Munster ses relations avec Esterhazy,

Cependant, la dépêche chiffrée de Panizzardi, du 2 novembre, a été interceptée par l’administration française des Postes et Télégraphes ; le texte original en a été décalqué au bureau central. Le service de la traduction, au ministère des Affaires étrangères, entreprit de lire ce télégramme.

Travail toujours délicat, plus particulièrement difficile en l’espèce, puisque Panizzardi s’était servi, pour la première fois, d’un chiffre nouveau[2]. L’opération — deviner, découvrir la clef du système employé — comporte un grand nombre d’inductions, d’approximations et d’essais.

Des relations « fréquentes et très intimes[3] » existaient entre le colonel Sandherr et le ministère des Affaires étrangères ; Sandherr fut tenu au courant des diverses phases par où passa le déchiffrement de l’énigme[4].

Une première tentative ne donna qu’un mot qui fut

  1. Le comte de Munster, ambassadeur d’Allemagne, et Ressmann, ambassadeur d’Italie. (Cass., I, 469, Trarieux.) — Ressmann fut remplacé à l’ambassade d’Italie, en décembre 1894, par le comte Tornielli.
  2. Cour de cassation (Chambres réunies), 29 mars 1899 ; déposition de Paléologue, « d’ordre du ministre des Affaires étrangères ». La déposition est reproduite, d’après le compte rendu officiel, dans le mémoire de Me Mornard. (Cass., III, 174.)
  3. Cass., III, 175 ; Rennes, I, 57, Paléologue.
  4. Rennes, I, 55, Delaroche-Vernet : « Sandherr a été tenu au courant, je ne dirai pas minute par minute, mais au fur et à mesure que ce travail, qui est très compliqué, très long, très difficultueux, se faisait… J’ai d’abord servi d’agent de transmission entre le ministère des Affaires étrangères et le ministère de la Guerre au moment où on se livrait à des études sur ce télégramme chiffré. « — Voir Appendice VI.