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LA CAPITULATION DE MERCIER


à prouver qu’Henry s’inquiéta des dénégations catégoriques de Lépine, puisque ce second rapport y fait allusion : « Pour que la Préfecture ait répondu négativement à ma demande concernant le capitaine Dreyfus, elle a dû se contenter de réponses aussi négatives qu’intéressées[1]. »

Guénée expose longuement que la Préfecture est mal renseignée, qu’elle ignore les noms des habitués des cercles ouverts, « qui ne publient pas d’annuaires ». — Or, les cercles, qu’ils publient ou non des annuaires, sont tenus d’inscrire les noms de leurs visiteurs sur un registre, et ce registre est toujours à la disposition de la brigade dite des jeux. — Au surplus, « les fonctionnaires policiers, chargés de surveiller les cercles, n’ont jamais été d’un rigorisme outré ; au contraire ». — En d’autres termes, ils sont payés pour mentir, — Surtout, il est impossible de trouver, dans ces tripots, « des témoins acceptables, qui veuillent bien venir déposer devant le Conseil de guerre. Tous ces gens de jeu forment une sorte de camarilla athé-

    partie du Franco-américain et qui ont les prénoms suivants : Camille, G. Maurice, Maxime et Paul. » Et plus loin : « En ce qui concerne Dreyfus (Maxime), toutes les personnes qui ont été consultées sont unanimes à déclarer que l’on confond Alfred Dreyfus avec son homonyme ; en effet, Maxime Dreyfus fait partie de plusieurs cercles de Paris, a perdu au jeu un héritage paternel considérable et a eu souvent affaire avec les frères Bertrand pour des emprunts importants. » Au surplus, la note de police n’incrimine aucun de ces joueurs ; les racontars de Guénée sont de simples mensonges. (Rapport du 9 novembre, Cass., II, 349) Guénée indique précisément Charles Bertrand comme un « usurier du jeu » qui aurait fait faire au capitaine Dreyfus des billets payés par M. Hadamard. (Rapport du 4 novembre, Cass., II, 294.)

  1. « La Préfecture, écrit Guénée dans son rapport, a dû se contenter des réponses des personnes suivantes : Altès, ancien président du Washington ; Combes, ancien président du cercle des Capucines ; Aurélien Scholt, etc. » (Cass., II, 291.)