primés, deux fois en deux jours, par deux services différents ; mais il a dû en avoir l’intention[1].
Le commandant Jeannel a dit à D’Ormescheville qu’il a prêté le manuel de tir à Dreyfus au mois de juillet, et que Dreyfus, deux jours après, le lui a rendu. Comme l’accusation place à la fin d’avril l’envoi du bordereau, la déclaration de Jeannel se trouve être favorable à l’accusé. Alors, le juge ne la reçoit pas sous la foi du serment, ne l’enregistre pas ; il n’en a pas besoin[2] ; le témoin est prévenu qu’il ne sera pas cité à l’audience[3]. D’Ormescheville demande seulement à Dreyfus s’il n’a pas emprunté le manuel de tir à son camarade. Et comme Dreyfus prétend avoir emprunté à Jeannel un autre manuel, celui de l’artillerie allemande[4], D’Ormescheville le charge d’un nouveau mensonge.
Il lui reproche sa mémoire : « Vous êtes doué d’une mémoire remarquable qui vous aurait permis d’apprendre par cœur notre plan de débarquement. Vous possédiez ainsi le système de concentration[5] ? » L’objet de certaines questions échappe : « N’êtes-vous pas allé
- ↑ Rennes, I, 129, Mercier. — Picquart (Rennes, I, 374) explique que l’erreur même est en faveur de Dreyfus, car la presse du premier bureau est dans le ministère même et celle du service géographique à l’hôtel de Sens. « Avec des documents secrets il n’y a plus la même garantie qu’au premier bureau, où tout se fait dans l’intérieur même des bâtiments du ministère. »
- ↑ Rennes, II, 80, Jeannel : « J’entends encore le commandant Bexon d’Ormescheville me dire : Nous avons d’autres preuves de la culpabilité, suffisantes pour obtenir la condamnation ; nous ne retiendrons pas la question du manuel de tir. »
- ↑ Cass., I, 410, Jeannel.
- ↑ Interrogatoire du 27 novembre ; Rennes, I, 83.
- ↑ « Tantôt on me reproche de ne rien faire (c’est Bertin) tantôt on me reproche de trop cherchera m’instruire ; c’est à ne plus rien comprendre. On fait tourner contre moi toutes mes qualités ; on y ajoute mes défauts, » (Notes de Dreyfus.)