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LE DOSSIER SECRET


voyée dans les corps d’armée[1]. Mais elle avait été envoyée aussi à l’École de pyrotechnie[2]. Dreyfus y était alors[3] ; preuve suffisante. — Quatre ans plus tard, le service avait intercepté la copie partielle d’un cours de l’École de guerre sur l’organisation défensive des États, et, notamment, sur la défense de Lyon. Cette copie était de la main d’un familier de l’attaché allemand[4], et Dreyfus, en 1894, avait quitté l’École depuis dix-huit mois. Mais il a suivi, en 1892, un cours sur le même sujet. Et cela encore suffit pour que l’original de Dreyfus ait servi, en 1894, à la copie de Schwarzkoppen[5]. Des pièces que Du Paty avait analysées, deux seule-

  1. Cass., III, 559. — Pièces N° 67, 80, 80 bis et 80 ter du dossier militaire. L’instruction est du 12 juin, le tirage du 3 septembre, l’envoi dans les corps du 18 septembre. (Rapport du capitaine Cuignet en date de 1898.)
  2. Elle eût pu venir aussi des archives de la section technique d’artillerie, dont Boutonnet était, en 1890, l’archiviste.
  3. L’accusation a été reprise par le général Roget (Cass., I, 65, par Mercier (Rennes, I, 80) et par Gonse (Rennes, I, 540). « Le papier, selon Roget, était un papier pelure analogue à celui du bordereau. » Mais la Cour de cassation a constaté que ce papier n’est pas quadrillé, à la différence de celui du bordereau (I, 369), et Cuignet dépose que « l’expert a conclu que les fragments ne portent pas l’écriture de Dreyfus » (I, 369). Quand Freystætter, à Rennes, affirma que le commentaire de 1894 faisait mention de cette accusation. Mercier répondit : « Pour le chargement des obus à mélinite, il n’a pu en être fait état en 1894, puisqu’à ce moment-là on a demandé à la direction de l’artillerie ce qui s’était passé pour l’obus, et que la direction n’a pas pu retrouver le dossier. » (II, 403.) Mais la réponse même de Mercier prouve qu’il s’était occupé de la question.
  4. Cass., I, 360, Cuignet.
  5. L’accusation a été reprise par Cuignet qui en donne cette preuve que, « dans la collection des cours de l’École de guerre qui fut saisie chez Dreyfus, la 3e partie du cours de fortification n’était pas reliée, alors que les autres cours l’étaient tous » ! (Cass., I, 360.) Mais il convient plus loin (I, 364) que ces cours « confidentiels » étaient tirés à environ 150 exemplaires ! Les bibliothèques des cercles militaires en possèdent des exemplaires que les officiers peuvent emporter chez eux. (Cass, I, 544, Hart-