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APPENDICE


2 novembre a été, par son ordre, communiqué aux juges du conseil de guerre, texte fabriqué pour justifier l’attribution de la pièce Canaille de D… à Dreyfus.

Pour Hanotaux, il a déclaré devant la Cour de cassation[1] et à Rennes[2] qu’il n’eut pas connaissance, en 1894, des ébauches successives de la cryptographie et que la traduction arrêtée par les bureaux lui fut seule soumise. Il eût été, dès lors, d’autant plus utile à Mercier, s’il avait été de bonne foi, d’entretenir Hanotaux de la dépêche de Panizzardi.

VIII

la communication des pièces secrètes

Casimir-Perier dépose devant la Cour de cassation[3] que Mercier lui montra une seule des pièces secrètes. « Je n’ai entendu, dit-il, parler que d’une seule pièce : « Ce canaille de D… devient trop exigeant. » Je n’ai pas eu connaissance d’autres pièces secrètes. »

Casimir-Perier, le 28 décembre 1898, quand il dépose en ces termes, mêle-t-il dans sa mémoire le texte exact avec le texte faux qui fut publié, en 1896, par l’Éclair ? Ou Mercier, dès 1894, a-t-il soumis au Président de la République un texte volontairement falsifié ? On ne peut que poser la question. Quand Casimir-Perier me parla de cette pièce, au mois de janvier ou février 1895, il ne me sembla pas qu’elle eût fait une grande impression sur son esprit ; il en plaisanta plutôt, estimant que la phrase, qui lui était restée dans la mémoire : « Cet animal de D… » (sic), pouvait s’appliquer à bien des gens, notamment à de certains hommes politiques qu’il me nomma.

  1. Cass., I, 644, Hanotaux.
  2. Rennes, I, 226, Hanotaux.
  3. Cass., I, 330, Casimir-Perier.