Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui-même, en le créant, y dépose cette parole, y grave cette vérité, dont les traits et le son demeurent indestructibles. Mais, en ceci, Dieu nous parle tout bas et nous illumine en secret. Il faut, pour l’entendre, du silence intérieur ; il faut, pour apercevoir sa lumière, fermer nos sens et ne regarder que dans nous.

XVIII.

Notre âme est toujours pleinement vivante ; elle l’est dans l’infirme, dans l’évanoui, dans le mourant ; elle l’est plus encore après la mort.

XIX.

Il n’est permis de parler aux hommes de la destruction que pour les faire songer à la durée, et de la mort que pour les faire songer à la vie ; car la mort court à la vie, et la destruction se précipite dans la durée.

XX.

Notre chair n’est que notre pulpe ; nos os, nos membranes, nos nerfs, ne sont que la charpente du noyau où nous sommes enfermés, comme en un étui. C’est par exfoliations que l’enveloppe corporelle se dissipe ; mais l’amande qu’elle contient, l’être invisible qu’elle