Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/125

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Toutes les religions fortes sont furieuses jusqu’à ce qu’elles aient régné. Les vieilles religions ressemblent aux vins vieux, qui échauffent le cœur, mais qui n’enflamment plus la tête.

Les sectes austères sont d’abord les plus révérées ; mais les sectes mitigées ont toujours été les plus durables.

La même croyance unit plus les hommes que le même savoir ; c’est sans doute parce que les croyances viennent du cœur.

Il est permis de s’affliger, mais il n’est jamais permis de rire de la religion d’autrui.

Il faut attaquer la superstition par la religion, et non par la physique : c’est un terrain où elle n’est pas. Que si vous l’y amenez, en la faisant sortir d’elle-même, vous la faites sortir aussi de toute idée du ciel, et au lieu de la corriger, vous risquez de la rendre pire.