Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/146

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La vérité consiste à concevoir ou à imaginer les personnes ou les choses, comme Dieu les voit ; et la vertu à se donner de la bonté ; et la bonté, si elle est parfaite, à n’avoir que les sentiments qu’on peut croire qu’aurait un ange, si, devenu ce que nous sommes, en demeurant tout ce qu’il est, il était mis à notre place, et voyait ce que nous voyons.

La sagesse est le repos dans la lumière ; mais c’est la lumière elle-même qui, par le jour qu’elle répand et les prestiges qu’elle opère, en colorant les abstractions comme de légères nuées, et en prêtant à l’évidence l’éclat de la sérénité, excite souvent la sagesse à se jouer dans ses rayons.

Il n’y a de beau que Dieu ; et, après Dieu, ce qu’il y a de plus beau, c’est l’âme ; et après l’âme, la pensée ; et après la pensée, la parole. Or donc, plus une âme est semblable à Dieu, plus une pensée est semblable à une âme, et plus une parole est semblable à une pensée, plus tout cela est beau.