Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/17

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pour les travaux littéraires l’avait rapproché de quelques pères de la Doctrine chrétienne chargés de la direction du collège de Toulouse. Habiles comme les jésuites, leurs prédécesseurs, à démêler dans la foule les jeunes gens propres à honorer la congrégation, les bons pères savaient, comme les jésuites, les attirer à eux par de riantes espérances. M. Joubert ne résista pas à celles qui s’offraient à lui. La certitude d’échapper à l’isolement et au besoin, la sécurité de l’avenir, une existence commode mêlée de loisirs et d’étude, tout le séduisit. Il entra donc dans la Doctrine, et, sans prononcer de vœux, sans aliéner par conséquent sa liberté, il y resta jusqu’à l’âge de vingt-deux ans, disciple chéri de ses maîtres et maître chéri de ses disciples. Les jeunes doctrinaires, en effet. chargés, à leur début, du professorat des basses classes de latinité, suivaient simultanément les lecons des vieux pères qui, blanchis dans l’étude, avaient pénétré avant eux les secrets de l’antiquité grecque et latine. Professeurs le matin, ils redevenaient le soir écoliers, double rôle à la fois profitable aux élèves et aux maîtres, et qui pourrait expliquer, en partie du moins, le long succès des congrégations enseignantes.

Cependant M. Joubert n’avait pu supporter, sans en souffrir, les fatigues de l’enseignement. Sa constitution délicate répondait mal à l’ardeur de son zèle, et, après quelques hésitations, il reconnut qu’il y avait pour lui nécessité de songer au repos. Ce fut à Montignac, près de sa famille, qu’il alla le chercher. Les années 1776 et 1777 qu’il y passa ne furent pas perdues pour la culture de son esprit ; il les employa, non seulement à approfondir ce qu’il avait appris chez les doctrinaires, mais h