Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/258

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la légèreté de la conversation. Les exposer à rougir et les flétrir, est un jeu grossier, un véritable attentat.

Se connaître est un devoir ; mais il ne nous est point ordonné de connaître les autres. Observer leurs défauts, au-delà du premier coup-d’œil, est utile aux affaires, mais inutile, nuisible même à nos vertus.

Rendre risible ce qui ne l’est pas, c’est en quelque sorte rendre mauvais ce qui était bon.

Quiconque rit du mal, quel que soit ce mal, n’a pas le sens moral parfaitement droit. S’égayer du mal, c’est s’en réjouir.

Il faut haïr et mépriser avec esprit. Les gros mots blessent le bon goût ; le sot rire est toujours le rire d’un sot ; il rend haïssable celui qui l’a.

Dans les qualifications odieuses, les âmes