Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/278

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où les idées décisives doivent venir des sentiments ; si elles viennent d’ailleurs, tout se perdra.

Les idées claires servent à parler ; mais c’est presque toujours par quelques idées confuses que nous agissons ; ce sont elles qui mènent la vie.

Il est un grand nombre de décisions où le jugement n’intervient pas. On décide sans évidence, de lassitude, avec précipitation, pour terminer un examen qui ennuie, ou pour faire cesser en soi une incertitude qui tourmente ; on décide enfin par volonté, et non par intelligence.

La raison peut nous avertir de ce qu’il faut éviter ; le cœur seul dit ce qu’il faut faire.

Dieu est dans notre conscience, mais non dans nos tâtonnements. Quand nous raisonnons, nous marchons seuls et sans lui.

La raison est dans l’homme le supplément universel de l’impuissance de la nature.