Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/293

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homme : quatre ou cinq sensations par jour lui suffisent pour se trouver heureux et pour bénir la providence. De la paille pour s’y coucher, du pain trois fois par jour et quelques prises de tabac en font un roi.

Le hasard est une part que la providence s’est réservée dans les affaires de ce monde, part sur laquelle elle n’a pas même voulu que les hommes pussent se croire aucune influence.

Le hasard est ordinairement heureux pour l’homme prudent.

La prudence et le succès, les semailles et la moisson, les vertus et le bonheur se suivent naturellement, mais non indissolublement.

L’essence des choses les unit, mais souvent le train du monde les sépare.

Le succès sert aux hommes de piédestal ; il les fait paraître plus grands, si la réflexion ne les mesure.