Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/311

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renfermés dans leur sphère leur gravitation toute entière et le principe qui la cause, sans en laisser rien déborder ; c’est là ce qui fait leur indépendance, et sert à leur onversation.

On trouve aisément des exemples de ces vérités suprêmes qui se soutiennent sans appui, de ces vérités nécessaires qui se font croire de plein droit, de ces vérités éternelles qui ne peuvent pas être neuves, mais qui, pour paraître nouvelles, n’ont pas besoin d’être ignorées.

L’illusion est une partie intégrante de la réalité ; elle y tient essentiellement, comme l’effet tient à la cause.

L’illusion étant le seul point de contact par lequel la matière pût toucher l’âme, Dieu la créa. Il fit d’abord, pour l’opérer, une matière subtile, insaisissable à tous les sens, et qui cependant pût les pénétrer. Il la plaça entre les aliments et le palais, et il en naquit les saveurs ; entre les fleurs et l’odorat, et il en naquit le parfum ; entre l’ouïe et les sons, et il en naquit l’harmonie, la mélodie ; entre les yeux et les objets, et il en naquit les couleurs, la perspective