Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/314

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Il y a des erreurs invincibles qu’il ne faut jamais attaquer.

Ce qu’il y a de pire dans l’erreur, ce n’est pas ce qu’elle a de faux, mais ce qu’elle a de volontaire, d’aveugle et de passionné.

Quelque erreur s’attache toujours aux grandes vérités qui courent le monde, et quelque fable aux grands événements qui ont fortement occupé l’attention de la multitude. Comme il y a toujours quelque chimère dans quelque esprit, il se rencontre toujours quelque esprit qui attache sa chimère à ce qui passe par lui. Ainsi point de réalité qui n’ait son merveilleux, si elle a circulé en tous lieux et passé de bouche en bouche.

On répète encore longtemps, par habitude, ce que l’on ne croit plus ; car les mauvais bruits survivent aux opinions, et le mensonge, plus