Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/323

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où les arts sont connus. Chose singulière ! La métaphysique et la mécanique ont une époque d’existence simultanée.

La métaphysique plaît à l’esprit parce qu’il y trouve de l’espace ; il ne trouve ailleurs que du plein. L’esprit a besoin d’un monde fantastique où il puisse se mouvoir et se promener ; il s’y plaît, non pas tant par les objets que par l’espace qu’il y trouve. C’est ainsi que les enfants aiment le sable et l’eau, et tout ce qui est fluide ou flexible, parce qu’ils en disposent à leur gré.

Le vide, dans le monde métaphysique, est nécessaire à l’esprit et à ses évolutions, surtout si l’esprit a des ailes. Cette lumière diffuse, sans montrer aucun objet, et sans donner aucun savoir, perfectionne la vue, nourrit la perspicacité et augmente l’intelligence. C’est une région lumineuse, où l’erreur même est transparente, et n’obscurcit jamais l’esprit.

La pratique est grave, mais la théorie récrée ;