Les anciens ne savaient presque jamais bien nettement ce qu’ils pensaient ; ils fouillaient peu dans leur esprit. Occupés du soin de bien dire, ils se contentaient du plaisir que leur faisaient leurs propres mots, ne cherchant dans la réflexion que ce qu’ils pouvaient se procurer de beauté par elle. On parle de leur imagination : c’est de leur goût qu’il faut parler ; lui seul réglait toutes leurs opérations, en appliquant leur discernement à ce qui était beau et convenable. Leurs philosophes mêmes n’étaient que de beaux écrivains, dont le goût était plus austère.
Les anciens disaient qu’un discours trop orné n’avait pas de mœurs, c’est-à-dire n’exprimait pas le caractère et les inclinations de celui qui parlait. Toutes nos recherches, en effet, ne peuvent montrer que nos richesses, notre art, nos habitudes littéraires.
Les grecs se plaisaient à parler leur langue, et à la sentir couler ou sous leur plume