Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/413

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se regardaient dire, car ils voulaient que leurs paroles ressemblassent à leurs pensées. Les premiers aspiraient au nombre, à la pompe, à la dignité, à l’éloquence ; les seconds à la clarté et à la grâce.

Il y a de la rudesse dans les latins. Une modération noble et de bon goût distingue les grecs, et surtout les athéniens.

Ces fiers romains avaient une oreille dure, et qu’il fallait caresser longtemps, pour la disposer à écouter les belles choses. De là ce style oratoire qu’on trouve même dans leurs plus sages historiens. Les grecs, au contraire, étaient doués d’organes parfaits, faciles à mettre en jeu, et qu’il ne fallait qu’atteindre pour les émouvoir. Aussi, la plus simple parure suffisait à une pensée élégante, pour leur plaire, et la vérité pure les satisfaisait dans les descriptions. Ils observaient surtout la maxime : rien de trop. beaucoup de choix et de netteté dans les pensées ; des paroles assorties et belles de leur propre harmonie ; enfin, la sobriété nécessaire pour que rien ne retardât