Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/419

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le mouvement d’un oiseau qui plane, et avance en tournoyant. Ils cherchaient plus la grâce, quid deceat, quid non , que la force et l’exactitude. Remarquez la liberté d’esprit et d’imagination particulière aux grecs. Nous avons, en comparaison, dans nos écrits, l’air de forçats attachés à la chaîne, d’esclaves à la tâche, d’idiots en extase.

Les anciens avaient dans l’esprit beaucoup moins de mouvement et plus de dignité que nous. De là vient la modération de leurs discours et l’excellence de leur goût.

Les athéniens avaient l’esprit naturellement noble et pathétique, comme les français l’ont naturellement plaisant.

Les anciens n’avaient pas l’esprit dressé comme nous à la contention, à l’effort. Ils en étaient d’autant plus propres à faire passer leurs idées dans les esprits vulgaires, incapables en général d’une attention très-soutenue, ou peu propres à soutenir une attention pénible.