Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/427

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et l’on se sert d’une méthode et d’un instrument non convenables.

Le philosophe, chez les grecs, était le métaphysicien ; en France, dans l’acception que l’on donne à ce mot, c’est le réformateur ; c’est un homme qui aspire à se conduire par sa propre raison, et jamais par la raison d’autrui ; qui érige, dans son esprit, un tribunal où il fait comparaître tout ce que les hommes respectent, et qui préfère ses pensées particulières et les réglements qu’il s’impose, aux mœurs, aux lois et aux usages qu’il trouve établis.

L’esprit philosophique du dernier siècle n’a été qu’un esprit de contradiction, appliqué aux mœurs et aux lois. L’esprit de contradiction éloigne de toute étude approfondie ; il est commode, car il n’exige aucun travail ; mais en même temps, il est funeste, destructeur.

L’esprit d’assentiment demande bien plus d’intelligence, d’examen et de savoir ; il est pénible, mais bienfaisant, conservateur, réparateur.