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Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/56

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« vous, et convenez que je suis un grand homme. Mais « mangez du roast-beef et buvez du vin de Porto ; vous « avez besoin de vous fortifier, mon cher enfant ; il faut « faire vie ou feu qui dure, je ne sais lequel on dit ; « mais cela veut dire qu’il faut vous conserver longtemps « et très-longtemps pour madame deBeaumont, pour « madame de Vintimille, pour M. Julien, pour M. Pasquier, pour Chênedollé, pour ce misérable Fontanes, « et enfin pour moi ; c’est par politesse pour la société « que je me nomme le dernier. »

Je ne saurais me décider à en rester-là de cette lettre par hasard retrouvée. Elle contient encore quelques mots qui se rattachent de trop près à mon sujet, pour que je n’abuse pas de ma bonne fortune en les citant.

« Au reste », ajoutait le noble voyageur, « je trouve « madame de Beaumonttrop sévère. Les coteaux de Yilleneuve sont, il est vrai, secs et pelés (1 ), mais ils « sont assez hauts et ont un faux air de montagnes qui « ne leur va pas mal. J’ai vu aussi certain bois dans « un enfoncement qui pourrait être produit parmi les « pièces du procès, sans compter les couchers du soleil, qui sont beaux, de l’aveu des deux parties. Je « n’ai vu qu’un soleil levant qui n’était pas merveilleux « à la vérité ; mais le matin n’est pas le soir, et je tiens « qu’à la brune, entre chien et loup, Villeneuve est un « très-joli pays ; il y a des beautés qui, comme vous savez, ne supportent pas le grand jour. Franchement, je « vous aime encore mieux juché dans votre bibliothèque

(\) Ces coteaux n’avaient pas à cette époque ta verdure qui tes pare aujourd’hui. A. J.