Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/78

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Christine de Fontancs, occupée dans le même temps d’une édition des œuvres de son père :

« Tandis que vous érigez un monument funèbre. « moi, Madame, je rassemble les pensées du plus ancien ami de votre père. Elles ne sont point destinées à voir le jour. La veuve de M. Joubert serable pénétrée du sentiment que j’exprimais en parlant « de lui dans mon Essai sur la Littérature anglaise : « Un homme fut mon ami et l’ami de M. de Fontanes. « Je ne gais si au fond de sa tombe il me saura gré de « révéler la noble et pure existence qu’il a cachée. « Quelques articles qu’il ne signait pas ont seulement « paru dans diverses feuilles publiques. Qu’il soit permis « à l’amitié d’en citer de courts fragments. C’est le seul « vestige des pas qu’un talent solitaire et ignoré a laissés sur le rivage en traversant la vie.

« Je rencontre a chaque instant dans les ébauches de " M. Joubert des choses adressées à M. de Fontanes, et .« que celui-ci n’a point connues. Ces confidences d’un « ami à un ami, l’un et l’autre absents pour jamais ; ces « pensées testamentaires recueillies sur des morceaux de « papier destinés à périr, m’offrent une complication « de tristesses d’une puissance extraordinaire. L’antiquaire déchiffre avec moins de religion les manuscrits » d’Herculanum que je n’étudie les secrets d’une double « amitié, conservés sous des cendres.

« Tels sont mes travaux, Madame. J’écoute derrière « moi mes souvenirs, comme les bruissements de la vague sur une plage lointaine. En me promenant quelqtiefois dans les bois, ces vers du Jour eien Mort» « me reviennent en mémoire :