Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/80

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« M. Joubert ii’a fait imprimer les méditatious de son

« mari que pour elle ; elle aurait craint, en les publiant,

« d’offenser la gloire qui a tant recherché l’obscurité.

« Madame Joubert m’a chargé de rendre les derniers

« devoirs à l’âme de mon ami. Il y a déjà quatorze ans

« que j’ai accompagné le corps de cet ami au dernier

« asile : les pensées de M. Joubert vont reposer dans la

« vie comme ses cendres reposent dans la mort.

« On trouve dans mes ouvrages une lettre en date de

« Turin, 17 juin 1803, adressée à M. Joubert ; Y Essai

« sur la Littérature anglaise renferme quelques détails

« relatifs à mon ami, et j’avais écrit dans le Journal

« des Débats, le 8 mai 1824, ce peu de lignes au tno-

« ment où le rare et excellent homme venait de quitter

« la terre :

« 8 Iiiui 1824.

« M. Joubert aîné, conseiller honoraire de l’Université, et le plus ancien ami de M. deFontanes, vient « de mourir. Né avec des talents qui l’auraient pu rendre « célèbre comme son illustre ami, il a préféré passer « une vie inconnue au milieu d’une société choisie ; elle « a pu seule l’apprécier. C’était un de ces hommes qui « attachent par la délicatesse de leurs sentiments, la « bienveillance de leur âme, l’égalité de leur humeur, « l’originalité de leur caractère, par un esprit vif et « éclairé, s’intéressant à tout et comprenant tout. Per<e sonne ne s’est plus oublié et ne s’est plus occupé « des autres. Celui qui déplore aujourd’hui sa perte ne « peut s’empêcher de remarquer la rapidité avec laquelle