Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/93

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Quand mes amis sont borgnes, je les regarde de profil.

Je ne veux ni d’un esprit sans lumière, ni d’un esprit sans bandeau. Il faut savoir bravement s’aveugler pour le bonheur de la vie.

Au lieu de me plaindre de ce que la rose a des épines, je me félicite de ce que l’épine est surmontée de roses et de ce que le buisson porte des fleurs.

Il n’y a point de bon ton sans un peu de mépris des autres. Or, il m’est impossible de mépriser un inconnu.

Les tournures propres à la confidence me sont familières, mais non pas celles qui sont propres à la familiarité.

* Je n’ai jamais appris à parler mal, à injurier et à maudire.

J’imite la colombe : souvent je jette un brin d’herbe à la fourmi qui se noie.

Quand je ramasse des coquillages et que j’y