Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/98

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Madame Victorine De Châtenay disait de moi que j’avais l’air d’une âme qui a rencontré par hasard un corps, et qui s’en tire comme elle peut. Je ne puis disconvenir que ce mot ne soit juste.

J’aime, comme l’alouette, à me promener loin et au-dessus de mon nid.

Dans mes habitations, je veux qu’il se mêle toujours beaucoup de ciel et peu de terre. Mon nid sera d’oiseau, car mes pensées et mes paroles ont des ailes.

Oh ! qu’il est difficile d’être à la fois ingénieux et sensé ! J’ai été privé longtemps des idées qui convenaient à mon esprit, ou du langage qui convenait à ces idées. Longtemps j’ai supporté les tourments d’une fécondité qui ne peut pas se faire jour.

* Il faut à mon esprit des entraves, comme aux pieds de ce Léger du conte des Fées, quand il voulait atteindre.

Je n’aime la philosophie, et surtout la méta-