Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/111

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Il est impossible de devenir très-instruit, si on ne lit que ce qui plaît.

Ce ne serait peut-être pas un conseil peu important à donner aux écrivains, que celui-ci : n’écrivez jamais rien qui ne vous fasse un grand plaisir ; l’émotion se propage aisément de l’écrivain au lecteur.

Dans les travaux littéraires, la fatigue avertit l’homme de l’impuissance du moment.

Les jeunes écrivains donnent à leur esprit beaucoup d’exercice, et peu d’aliments.

La conscience des auteurs tombés ou malades calomnie leur talent ; ils sentent alors leur faiblesse, mais ils ne sentent plus leur force.

Rendre agréable ce qui ne l’avait pas encore été, est une espèce de création.