Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/138

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goût la saveur. La matière suffit à l’un, la forme à l’autre ; il faut au dernier les délices et la salubrité.

En littérature, ce sont les premières saveurs qui forment ou déforment le goût.

Ceux qui sont simples, par état et par nature, aiment peu la simplicité dans les arts ; elle les étonne trop peu. De là vient que les rois et les grands ont un meilleur goût littéraire.

Dans les moments d’émotion universelle, il n’est pas un seul homme qui n’ait du goût.

Voyez, aux spectacles, combien les âmes émues ont le tact rapide et le discernement exquis ! Le mauvais goût consiste à aimer ce qui n’est pas aimable, et le faux enthousiasme, à s’enflammer pour ce qui naturellement n’enflamme point.