Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/144

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Quand on lit un ouvrage bien fait, il y a toujours dans l’esprit une netteté de plus, ne fût-ce que par l’idée ou le souvenir que l’on en garde.

Il faut, si l’on veut lire avec fruit, rendre son attention tellement ferme qu’elle voie les idées comme les yeux voient les corps.

Entre l’estime et le mépris, il y a, dans la littérature, un chemin tout bordé de succès sans gloire, qu’on obtient aussi sans mérite.

Peu de livres peuvent plaire toute la vie.

Il y en a dont on se dégoûte avec le temps, la sagesse ou le bon sens.

La vogue des livres dépend du goût des siècles.

Même ce qui est ancien est exposé aux variations de la mode. Corneille et Racine, Virgile et Lucian, Sénèque et Cicéron, Tacite