Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/163

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il trouble l’eau limpide pour se donner le plaisir de la voir se rasseoir et s’épurer.

à la vérité, c’est afin de mieux établir le caractère de son personnage ; mais il sacrifie ainsi la pièce à l’acteur, et la fable au masque.

Comme un escamoteur habile, Platon, dans ses raisonnements, substitue souvent l’apparence de la chose à ce qui en est la réalité.

Il dérobe l’objet en question ; il le soustrait tantôt au toucher, pour ne l’exposer qu’à la vue, tantôt aux yeux pour n’en occuper que l’esprit. Ses tours de phrase sont parfois de vrais tours de gobelet.

Le Phédon est un beau tableau, admirablement composé ; il y a de belles couleurs, mais fort peu de bonnes raisons.

Socrate, dans Platon, se montre trop souvent philosophe par métier, au lieu de se contenter de l’être par nature et par vertu.

Aristote a rangé, dans la classe des poésies