Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/183

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Locke se montre presque toujours logicien inventif, mais mauvais métaphysicien, antimétaphysicien. Il n’était pas seulement, en effet, dépourvu de métaphysique : il en était incapable et ennemi. Bon questionneur, bon tâtonneur, mais sans lumière, c’est un aveugle qui se sert bien de son bâton.

Malebranche a fait une méthode pour ne pas se tromper, et il se trompe sans cesse. On peut dire de lui, en parlant son langage, que son entendement avait blessé son imagination.

Tout occupé des vérités de sa chère physique, il veut absolument en faire naître la morale.

Toutes ses explications sont d’un matérialiste, quoique tous ses sentiments et toutes ses doctrines fussent opposées au matérialisme.

Ce Malebranche est bien hardi à se moquer des hardiesses ! Les siennes ont plus d’excès que toutes celles qu’il reprend. Il y a pourtant en lui des choses admirables ; mais ce n’est pas ce qu’on en a cité. Il semble, au surplus,