Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/195

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ce qu’il voulait, le faisant bien, le faisant vite, mais incapable de se maintenir dans l’excellent. Il avait le talent de la plaisanterie, mais il n’en avait pas la science ; il ne sut jamais de quelles choses il faut rire, et de quelles il ne le faut pas. C’est un écrivain dont on doit éviter avec soin l’extrême élégance, ou l’on ne pensera jamais rien de sérieux.

à la fois actif et brillant, il occupait la région placée entre la folie et le bon sens, et il allait perpétuellement de l’une à l’autre.

Il avait beaucoup de ce bon sens qui sert à la satire, c’est-à-dire, une grande pénétration pour découvrir les maux et les défauts de la société ; mais il n’en cherchait point le remède. On eût dit qu’ils n’existaient que pour sa bile ou sa bonne humeur ; car il en riait ou s’en irritait, sans s’arrêter jamais à les plaindre.

Voltaire aurait lu avec patience trente ou quarante volumes in-folio, pour y trouver une petite plaisanterie irréligieuse. C’était là sa passion, son ambition, sa manie.

Voltaire est quelquefois triste ; il est ému ;