Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/21

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réduit à la nécessité de multiplier ses personnages.

Lorsque, dans la statue du maréchal de Saxe, il eut peint l’homme robuste qui descend d’un pas ferme dans la tombe, il eut besoin, pour peindre le héros, de représenter un Hercule en deuil et la France en alarmes, au milieu des trophées. Lorsque, dans le monument de Reims, il eut représenté la assis, dont les formes austères indiquent cet esprit qui ne demeure oisif que lorsque tous les besoins ont été prévus, et tous les périls écartés, il lui fallut, pour montrer la douceur du gouvernement, imaginer une femme conduisant un lion par quelques fils de sa crinière. Ce luxe d’accessoires peut convenir à la magnificence de nos mœurs ; mais le génie de l’artiste se serait montré plus puissant, s’il eût fait refléter le bonheur des sujets dans l’image même du prince, et peint, dans le guerrier mourant, le noble et grave orgueil des regrets qu’allait exciter sa perte.

Parmi les œuvres de Pigalle, il n’en est pas une, peut-être, qui ne mérite d’être exposée dans une académie ; mais celles des grands artistes