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V.

POÈTES ET ROMANCIERS.


I.

Pétrarque adora pendant trente ans, non pas la personne, mais l’image de Laure ; tant il est plus facile de conserver ses sentiments et ses idées que ses sensations ! C’est ce qui faisait la fidélité des anciens chevaliers.

II.

Pétrarque estimait peu ses poésies italiennes qui l’ont immortalisé ; il leur préférait son latin. C’est que son siècle aimait le latin, et n’aimait pas encore l’italien.

III.

Le dic mihi, musa, manque aux nouvelles de Boccace. Il n’ajoute rien à ce qu’on lui a dit, et ses inventions ne dépassent jamais le champ formé par sa mémoire. Son récit finit où a fini le conte vulgaire ; il le respecte comme il respecterait la vérité.